Peu d’accastillage sur un voilier est aussi universellement utilisé — et aussi discrètement fiable — que la manille en D. Qu’il s’agisse de relier des poulies et des drisses, de sécuriser des ancres ou des éléments de gréement dormant, les manilles en D se trouvent partout à bord. Leur géométrie simple et efficace a peu évolué au fil des siècles d’histoire maritime, mais les conceptions actuelles intègrent des matériaux plus aboutis, une fabrication de précision et des systèmes de verrouillage renforcés qui les rendent plus solides, plus légères et plus sûres que jamais.
Origines et rôle des manilles en D
La manille en D doit son nom à sa forme : un corps compact en demi-cercle avec un axe droit formant la lettre « D ». Cette géométrie offre un excellent alignement des efforts lorsque les forces s’exercent dans l’axe de l’axe, ce qui la rend idéale pour la plupart des liaisons statiques ou faiblement articulées à bord.
Historiquement, les manilles ont évolué à partir de simples maillons et anneaux en fer utilisés sur les voiliers des XVIIIe et XIXe siècles. À mesure que les câbles métalliques et les pièces en acier remplaçaient le chanvre et le bois, les gréeurs avaient besoin de liaisons démontables fiables — et la manille en D est née. Sa forme compacte lui permet de se loger dans des espaces restreints et de reprendre des charges élevées sans se vriller, ce qui explique sa popularité durable sur les yachts modernes, qu’ils soient traditionnels ou construits en composites high-tech.
Matériaux et fabrication des manilles en D marines
Les manilles en D de qualité marine sont généralement fabriquées en acier inoxydable ou, pour les applications de course à fortes charges, en titane ou en acier allié forgé.
- Inox 316 est le choix le plus courant pour les voiliers de croisière : résistant à la corrosion, robuste et d’un bel aspect.
- Les variantes en inox haute résistance ou forgé offrent des limites de charge d’utilisation (WLL) plus élevées à taille et poids similaires.
- Les manilles en D en titane offrent le meilleur rapport résistance/poids et sont prisées sur les multicoques de performance et les superyachts, lorsque le gain de poids justifie le coût.
Les tolérances de fabrication modernes garantissent un alignement précis des filetages d’axe, des épaulements et des arceaux, réduisant le risque de fatigue ou de charges ponctuelles — un point critique lorsque les manilles en D sont sollicitées en cycles sous charge dans le gréement courant.
Comprendre les différents styles de manilles en D
Les manilles en D existent en plusieurs formes de corps, chacune optimisée pour une application légèrement différente.
Manilles en D standard – Le profil le plus courant, avec une forme « D » à flancs droits. Le mieux adapté aux charges dans l’axe, comme les terminaisons de drisse, les poulies et les cadènes.
Manilles en D larges – Elles offrent une largeur intérieure plus importante, permettant de connecter deux pièces côte à côte (par exemple, une poulie et une cosse). La contrepartie est une résistance ultime réduite du fait de l’arceau plus large.
Manilles en D courtes – Plus compactes que les modèles standard, elles sont utilisées lorsque l’espace est limité ou que l’on souhaite un mouvement minimal. On les trouve souvent sur l’accastillage de pont ou sur des pièces proches du pied de mât.
Manilles en D longues – Elles offrent davantage d’articulation ou de dégagement entre les composants. Utiles pour connecter du matériel qui doit pivoter librement, comme les chariots de traveller ou des ferrures de bôme.
Manilles en D torsadées – Elles intègrent une torsion de 90 degrés entre l’axe et le corps. Cela permet de relier deux pièces orientées à angle droit — par exemple, un pontet de pont horizontal à une poulie travaillant verticalement.
Comprendre ces différences subtiles de géométrie aide à éviter les charges latérales, qui sont l’une des principales causes de rupture prématurée des liaisons de gréement.
Types d’axes et de fermetures pour les manilles en D
Le système d’axe détermine à quel point une manille en D est sûre et pratique à utiliser. Si les axes filetés traditionnels restent la norme, il existe plusieurs options de fermeture conçues spécifiquement :
- Manilles en D à vis – La configuration classique. Fiable et simple, mais l’axe peut se desserrer sous l’effet des vibrations, sauf s’il est freiné par une ligature ou un frein-filet.
- Manilles en D à axe captif – L’axe reste attaché au corps de la manille lorsqu’elle est ouverte, évitant toute perte accidentelle. Particulièrement utiles en tête de mât ou dans des espaces confinés.
- Manilles en D autobloquantes – Elles intègrent un ressort interne ou un mécanisme de verrouillage secondaire, supprimant le besoin de ligature. Idéales pour des connexions de gréement courant nécessitant des démontages fréquents.
- Manilles en D à tête Allen – Conçues pour un affleurement parfait, serrées à l’aide d’une clé Allen. Courantes sur les voiliers de course modernes, où l’on privilégie des ponts sans accrocs et une résistance au desserrage.
- Manilles en D à boulon ou à axe de sécurité – Elles comportent un trou transversal et une goupille fendue, offrant une sécurité maximale pour le gréement dormant ou les liaisons statiques à fortes charges, comme les fixations d’étai.
Choisir le bon type d’axe est souvent un compromis entre praticité et sécurité : les navigateurs en croisière peuvent privilégier la facilité d’utilisation, tandis que les régatiers au large préfèrent des conceptions inviolables qui restent verrouillées sous des charges dynamiques.
Manille en D Wichard à axe à clé
Choisir la bonne manille en D pour votre application
Lors du choix d’une manille en D, les paramètres clés comprennent la charge de travail admissible (SWL) ou la limite de charge d’utilisation (WLL), le diamètre de l’axe et les dimensions intérieures. Assurez-vous toujours que la direction de l’effort est alignée avec l’axe de la goupille et que le corps de la manille n’est pas déformé par des pièces trop volumineuses. En utilisation dynamique, un coefficient de sécurité d’au moins 5:1 est généralement recommandé, et davantage lorsque des charges de choc sont possibles.
Une inspection régulière est essentielle : recherchez du grippage de filets, des déformations ou des piqûres de corrosion. Une manille en D grippée ou tordue doit toujours être remplacée, et non réutilisée.
L’évolution moderne des manilles en D
Même si le gréement synthétique et les liaisons textiles telles que les boucles en Dyneema® se généralisent, les manilles en D restent indispensables. Dans de nombreux cas, elles fournissent le point de connexion fixe et fiable dont les boucles textiles ont encore besoin — en particulier lorsque l’alignement doit être précis ou qu’un contact métal sur métal est nécessaire. L’ingénierie moderne les a affinées plutôt que remplacées : matériaux plus légers, revêtements améliorés et systèmes à axe captif continuent de faire évoluer cette pièce d’accastillage faussement simple.
Conclusion : pourquoi les manilles en D comptent encore
Qu’il s’agisse de sécuriser votre chaîne de mouillage, de connecter une poulie de drisse ou de monter un accessoire de pont, la manille en D reste l’un des composants les plus fiables de la voile. Son design durable équilibre simplicité et résistance, polyvalence et précision.
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Manilles en D : la force tranquille du gréement moderne